À l’occasion d’une visite au site de Guizeh de Son Altesse impériale le Prince héritier d’Iran, le chanoine Étienne Drioton (1889-1961), directeur général du Service des Antiquités de l'Égypte, a rédigé une plaquette sous le titre sous le titre Le Sphinx et les pyramides de Giza (1939).
Voici son hypothèse sur l’âge du Sphinx :
“Une visite détaillée du site doit commencer par le Sphinx.
Il en est le génie local, sans doute un très vieux dieu du désert et des nécropoles, - lion dévorateur des humains -, que la religion officielle, en l'adoptant, aura anobli en le dotant d'une tête de roi et en l'assimilant à Horus. Pour les Égyptiens du XV" siècle avant notre ère, il était Harmakhis, l'Horus dans l'horizon, c'est-à-dire dans le champ de repos des morts glorieux, et tellement le seigneur de ce quartier que les pyramides voisines avaient reçu le nom de “Pyramides d'Harmakhis”.
Son image est de taille colossale : 67 mètres de longueur sur 2 0 de hauteur, avec un visage de 5 mètres et, détail souvent cité, une oreille de 1 m. 87. La tête et la masse du
corps sont sculptées en plein roc. Mais le modelé de certaines parties du corps, celui des pattes en particulier, a dû être complété à l'aide d'un blocage.
"le temple d'accès de cette pyramide est déporté vers le sud par rapport à l'axe normal" |
A quelle époque ce travail gigantesque a-t-il été accompli ? On ne sait encore rien d'absolument sûr à ce sujet. Il paraît pourtant évident que le Sphinx est antérieur à la construction de la Pyramide de Chéphren (vers 2650 av. J.-C.), puisque le temple d'accès de cette pyramide est déporté vers le sud par rapport à l'axe normal, occupé par le Sphinx. Par ailleurs la plate-forme sur laquelle est posé le Sphinx est établie en contrebas dans une cuve creusée de trois côtés dans le roc vif, exactement comme l'assiette de la seconde Pyramide.
Cette similitude de procédé peut indiquer une identité d'architecte. Il faudrait en conclure que Chéphren. ayant jeté son dévolu sur cette partie du désert pour y établir sa nécropole au sommet de la vallée montante qui donne accès au plateau, aurait trouvé en son milieu un sanctuaire antique où l'on adorait, en relation avec un grand rocher, le génie du lieu. Il aurait d'abord bâti à ce dieu un nouveau temple, et sculpté dans le rocher son image colossale, pour qu'elle veillât à jamais sur son propre repos.
Douze siècles plus lard, vers 1450, le Sphinx et la nécropole des environs étaient à l'abandon. La grande stèle récemment découverte, qu'abrite l'édicule restauré sis un peu au
nord du Sphinx, raconte comment l'endroit servait de but d'excursion au futur Aménophis II (1450-1425 av. J.-C.), qui s'y reposait et y laissait souffler ses chevaux avant de rentrer à Memphis. Son fils Touthmôsis IV (1425-1405 av. J.-C.), y venait, étant prince, chasser le lion. Un jour qu'il s'était endormi, pour sa sieste, à l'ombre du colosse ensablé comme il l’était encore naguère, le dieu Harmakhis lui apparut en songe et lui promit la royauté en l'adjurant de le délivrer de son linceul de sable. Une stèle de granit rose, que Thoutmôsis IV fit ériger contre la poitrine du Sphinx, raconte cette histoire et perpétue jusqu'à nos jours le témoignage de la fidélité du roi à exaucer le vœu de son insigne bienfaiteur.”
Texte intégral de la plaquette
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