Connu sous son pseudonyme J.Marcus de Vèze, l’architecte Ernest Bosc (1837-1913) fut un écrivain prolixe, tout particulièrement intéressé par l’alchimie, l’ésotérisme, les sciences occultes, sans oublier les drogues dont les facultés hallucinogènes créent des liens entre les mortels et les puissances occultes.
Le texte qui suit est extrait de Isis dévoilée ou l'égyptologie sacrée (1891).
L’auteur a beau écrire, à propos du Sphinx : “On ne saurait se faire une idée du colosse sans l'avoir vu”, on peut douter qu’il soit jamais allé lui-même visiter le site de Guizeh. Sa préoccupation, à l’évidence, est plus de l’ordre de la symbolique que de la description.
Illustration d'Andrea Bernieri (1826-1842) |
“Le Sphinx, nous ne l'ignorons plus aujourd'hui, est une clef de la science occulte, dont voici l'explication : c'est un composé qui, dans son unité, renferme quatre symboles : savoir, vouloir, oser, se taire, qui forme un quaternaire occulte. C'est pourquoi le Sphinx est représenté avec une tête et une poitrine de femme : savoir (intelligence) ; un corps de taureau : vouloir (avoir la force) ; les pattes et les griffes du lion : oser (audace) ; enfin, des ailes recouvrant les flancs de l'animal : se taire (voiler ses desseins jusqu'au moment propice).
Le Grand Sphinx est un rocher naturel auquel on a donné grossièrement la forme de l'animal ; seule la tête a été sculptée. La hauteur du colosse mesure près de 20 mètres (exactement 19 m. 97) ; sa longueur est de 39 mètres environ ; la tête a 8 m. 50 de hauteur et la figure, dans sa plus grande largeur, 4 m. 20 ; l'oreille a 1 m. 80 de hauteur, le nez 1 m. 85 et la bouche 2 m. 32 de largeur. Le contour de la tête mesure au niveau du front 26 m. 40 de circonférence.
On ne saurait se faire une idée du colosse sans l'avoir vu ; l'effet est fantastique, même aujourd'hui, où il est si fortement ruiné. Quand le colosse devait être neuf, qu'un revêtement de granit modelait son corps, il devait briller au soleil d'un vif éclat, de même que les ornements symboliques qui ornaient sa tête. C'était sans doute une merveille laissant bien loin, derrière elle, tous les grands monuments de notre ferronnerie créés, pourtant si remarquables, par le puissant outillage de notre chaudronnerie moderne.
Ce colosse avait un emploi, Jamblique nous l'apprend, et voici ce qu'en dit Champollion-Figeac : “Le sphinx des pyramides a été étudié, le sable qui l'encombrait momentanément détourné, et il a été reconnu que ses colossales dimensions avaient permis de pratiquer entre le haut de ses jambes antérieures et son cou, une entrée qu'indiquent d'abord les montants d'une porte ; celle-ci conduisait à des galeries souterraines creusées dans le rocher sur une très grande distance, et enfin, on se trouvait en communication avec la grande pyramide.
Ce qui expliquerait :
1° Ce que disent les écrivains arabes, savoir : qu'il y avait plusieurs puits et galeries souterraines dépendant de la grande pyramide ;
2° Qu'il y avait dans la tête du sphinx, une ouverture qui menait à ces galeries et à la pyramide ; enfin, on comprend pourquoi on ne pouvait entrer dans la pyramide par une porte extérieure, et comment les galeries qui y étaient pratiquées étaient extérieurement fermées par une porte et par des blocs de granit.”
(...)
… nous allons dire sommairement, comment on procédait aux initiations. Nous nous servirons des renseignements fournis par Jamblique dans son Traité des Mystères Égyptiens, après avoir observé cependant que le philosophe de Chalcis vivait dans la première moitié du iv* siècle de l'ère vulgaire, c'est-à-dire qu'il est presque un de nos contemporains pour ce qui concerne la Science Occulte des Égyptiens.
Le Néophyte admis aux épreuves était conduit la nuit par deux Thesmothètes (1) devant le sphinx de la grande pyramide, mais il ignorait où il était, car dès sa sortie de Memphis, on lui avait couvert les yeux d'un épais bandeau, afin qu'il ne pût se rendre compte, ni de la distance qu'il parcourait, ni du lieu dans lequel on le conduisait. Il devait du reste s'en remettre à la discrétion pleine et entière de ses deux guides ou conducteurs. Il était amené au pied du Sphinx colossal et l'un des guides ouvrait la porte placée entre les pattes de l'animal (2) et creusée dans son poitrail même.
Une fois entrés; nos trois personnages se trouvaient dans un vestibule creusé dans le corps de l'animal ; de là ils parvenaient dans une vaste salle où commençaient les épreuves qui toutes étaient de plus en plus terribles, au fur et à mesure que le Néophyte s'engageait dans le monument. Nous ne raconterons point toutes ces épreuves, c'étaient celles qu'on fait subir aujourd'hui en partie aux Francs-Maçons, à quelques variantes près. Les Francs-Maçons par exemple, ne font point subir l'épreuve dernière qui consistait chez les Égyptiens à entourer, à enlacer le Néophyte de superbes jeunes filles qui dansaient les danses les plus lascives avec des costumes de la plus grande transparence et légèreté.-Ces épreuves duraient plusieurs jours ; une fois le Néophyte initié, l'Hiérophante lui disait : “Sache voir avec justesse et vouloir avec justice, sache oser ensuite, mais sache surtout taire tes desseins jusqu'au moment de leur exécution. Si devant ta persévérance le lendemain n'est que la continuation des efforts de la veille, marche droit à ton but. Alors les sept génies gardiens de la clef sacrée qui ferme le passé et ouvre l'avenir, placeront sur ton front la couronne des maîtres.”
(1) C'étaient les premiers initiés par rang d'âge qui portaient ce nom, qui signifie “gardiens de Rites”.
(2) P. Christian nous dit que cette porte poussée par un ressort secret par un des thesmothétes pivotait sur ses gond.! Comment peut-on le. savoir ? Simple hypothèse ; en tous cas, cette manière d'ouvrir une porte n'est pas aussi banale que d'user d'une simple clef.
Source : Gallica
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