samedi 29 juin 2013

“L'art qui a conçu et modelé dans la montagne cette statue prodigieuse était un art complet” (Gaston Maspero - XIXe-XXe s.- à propos du Sphinx)

De Gaston Maspero (1846-1916), dans son Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique :


“Le prolongement de la chaîne Libyque forme, entre le Fayoum et la pointe du Delta, un vaste plateau légèrement ondulé, qui court parallèlement au Nil sur une longueur de près de trente lieues. Le grand Sphinx Harmakhis en gardait l'extrémité septentrionale depuis le temps des Suivants d'Horus. Taillé en plein roc, au bord extrême de la montagne, on dirait qu'il hausse la tête pour être le premier à découvrir par-dessus la vallée Ie lever de son père le Soleil. Son corps effrité ne retient plus du lion que la coupe générale. Le bas de la coiffure est tombé et le cou semble trop faible pour supporter le poids du crâne.

Des mamelouks fanatiques lui ont mutilé le nez et la barbe à coups de canon ; la teinte rouge qui avivait les traits s'est effacée presque partout. Et pourtant, l'ensemble garde jusque dans sa détresse une expression souveraine de force et de dignité. Les yeux regardent au loin devant eux avec une intensité de pensée profonde, la bouche sourit encore, la face entière respire le calme et la puissance. L'art qui a conçu et modelé dans la montagne cette statue prodigieuse était un art complet, maître de lui-même, sûr de ses effets. Combien de siècles ne lui a-t-il pas fallu pour arriver à ce degré de maturité et de perfection !”

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