samedi 22 juin 2013

“Quelques observations critiques ou historiques” sur le Sphinx, par Jacques-Joseph Champollion-Figeac (XIXe s.)

Dans son ouvrage Égypte ancienne, publié en 1839, l'archéologue Jacques-Joseph Champollion-Figeac (1778-1867), frère aîné de l'égyptologue déchiffreur des hiéroglyphes, propose du Sphinx de Guizeh la description suivante :
Illustration extraite de l'ouvrage

“C'est dans la partie de la chaîne Libyque qui s'avance à l'est vers la plaine, qu'existe la ligure du sphinx ; c'est dans une des faces de la coupure de la chaîne qu'il a été taillé ; il adhère au sol ; et son élévation de quarante pieds au-dessus de ce sol, est le témoin et comme la mesure de la quantité de pierres enlevée à la superficie pour dresser cette partie de la plaine.
La longueur totale du sphinx monolithe est de trente-neuf mètres (cent dix-sept pieds) ; contour de la tête au front, vingt-sept mètres (quatre-vingt un pieds) ; hauteur depuis le ventre jusqu'au sommet de la tête, dix-sept mètres (cinquante et un pieds). Une excavation de quelques pieds a été pratiquée sur la tête : elle servait à y fixer les ornements et la coiffure royale ou religieuse qui déterminaient l'expression symbolique de ce sphinx.
A cette description, dont l'exactitude fera peut-être excuser la monotonie, nous n'avons à ajouter que quelques observations critiques ou historiques, dans l'intention de fixer l'opinion du lecteur sur l'objet et l'époque de ces monuments immuables, destinés dès leur origine à frapper d'une admiration non interrompue toutes les générations d'hommes qui devaient se succéder sur la terre, et à s'offrir à elles enveloppés d'énigmes, de grandeur et de souvenirs. Que le génie de l'homme veille religieusement à la conservation de ces ouvrages merveilleux : ce sont des témoignages de son existence, de ses actions et de son antiquité, antérieurs à toutes les traditions de l'histoire, et aussi les titres les plus certains et les plus anciens que puisse invoquer le généalogiste des œuvres de l'intelligence humaine.
Depuis le voyage scientifique et militaire de l'armée française en Egypte, et la publication des observations recueillies sur ce pays, il s'est ouvert à la civilisation européenne, et de nouvelles recherches y ont été faites, qui compléteront celles que le commencement de ce siècle avait produites. Le sphinx des pyramides a été étudié ; le sable qui l'encombrait momentanément détourné, et il a été reconnu que ses colossales dimensions avaient permis de pratiquer entre le haut de ses jambes antérieures et son cou, une entrée qu'indiquent d'abord les montants d'une porte ; elle conduisait à des galeries souterraines creusées dans le rocher sur une très grande distance, et enfin on se trouvait en communication avec la grande pyramide. Ceci expliquerait :
1° ce que disaient les écrivains arabes, savoir : qu'il y avait plusieurs puits et galeries souterraines dépendants de la grande pyramide ;
2° qu'il y avait dans la tête du sphinx une ouverture qui menait à ces galeries et à la pyramide ; 
enfin, on comprend pourquoi on ne pouvait entrer dans la pyramide par une porte extérieure, et comment les galeries (...) étaient extérieurement fermées par des blocs de granit.”

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