Pietro della Valle |
Au cours de son voyage qui le conduisit, en "pèlerin", jusqu'à Jérusalem, l'aventurier-poète-musicien Pietro della Valle (1586-1652) fit une halte en Égypte en 1615, durant laquelle il visita les pyramides de Guizeh. Il raconta son périple dans un ouvrage publié en 1645 et traduit en français sous le titre Voyages de Pietro della Valle, gentilhomme romain, dans la Turquie, l'Égypte, la Palestine, la Perse, les Indes Orientales et autres lieux.
Au cours de son récit, le voyageur-pèlerin décrit à grands traits la “grande tête appelée Sphinx”. Aucun lien avec quelque pharaon. Pietro della Valle se contente d’une très brève allusion à des connaissances astrologiques (référence aux signes du Lion et de la Vierge) que d’autres auteurs se plairont à développer plus abondamment.
Le Sphinx - ou plutôt "la" Sphinx - telle que se la représentait John Helffrich en 1579 |
“Je fus voir les autres (pyramides), sur lesquelles on ne peut monter ; et là, tout auprès, j’admirai une grande tête, qu’ils appellent le Sphinx, qui est assurément un beau morceau de pierre, et de la même forme qu’on nous le représente.
Je ne me souviens pas bien d’avoir lu si ce rocher est naturel en cet endroit, ou s’il y a été transporté, comme il y a plus d’apparence, à cause que la campagne est fort unie et sablonneuse ; et c’est dont on ne peut s’apercevoir, parce que le sable s’est augmenté de telle sorte que le Sphinx y est enterré presque jusques aux épaules, en sorte que s’il y a été transporté, le travail en a été beaucoup plus considérable que celui des obélisques ; parce qu’en effet il est fort grand, quoique de sa forme et de sa situation, il soit indubitable qu’il y a plus de facilité à conduire de semblables ouvrages qu’à bâtir ces sortes de pyramides, au moins on ne craint pas tant de les rompre. (...)
Le Sphinx est un hiéroglyphique parmi les Égyptiens. (Il est le) symbole de la fertilité de l’Égypte, par les inondations du Nil, qui arrivent justement quand le Soleil se trouve au signe du Lion et de la Vierge, auquel temps, selon Gilles Soli, les prêtres égyptiens croient que le monde a été créé ; et pour cela ils feignent que ce monstre portait la figure du Lion, depuis la ceinture en bas, et du reste celle d’une Vierge.”
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