vendredi 7 juin 2013

“Le Sphinx était infailliblement une idole” (Jacques François Louis Grobert - XVIIIe s.)

La Description des pyramides de Ghizé, de la ville du Kaire et de ses environs, publiée en 1800 par Jacques François Louis Grobert (1757-181...), chef de brigade d'artillerie, membre de l'Institut de Bologne, est l'un des tout premiers ouvrages édités au retour de l’expédition d'Égypte.
Après avoir noté ce qu'il a observé de la disposition générale du site et de la nature des matériaux de construction, l'auteur décrit "les objets qui environnent les pyramides", dont le Sphinx.
Le Sphinx, vers 1900

“Il faut maintenant quitter la place éloignée des pyramides et redescendre vers l'Est. On suit le plateau ; on passe devant la face méridionale du Chéphren, et en s'éloignant tant soit peu vers la droite, on descend sur une pente assez douce, pour trouver le Sphinx, presqu'entièrement couvert par les sables, et dont la tête saillante est dérobée à l'œil par tous les accidents du sol.
Volney (*), le seul auteur à citer lorsqu'on voudra retracer une idée saine sur cette région, a observé avec raison que le profil entièrement éthiopien du Sphinx attestait, d'une manière authentique, que cette nation a donné aux Égyptiens ses lois, ses mœurs et sa religion. Ces derniers ne sont qu'une colonie descendue du Sennahar et des vastes régions qui environnent la Nubie ; elle s'est abâtardie en se mêlant avec les Arabes. Les étrangers qui pourront supporter l'aspect dégoûtant de la Hokhéla où l'on vend les négres, n'y trouveront guère de profils qui ne ressemblent au Sphinx.
Cette statue monstrueuse, et vraiment colossale, a été sculptée dans un morceau saillant du roc sur lequel elle est assise. Elle est d'un seul morceau ; la qualité de la pierre est parfaitement semblable à celle du roc même, sinon qu'elle a été peinte en jaune, et la couleur a été conservée jusqu'à nos jours dans les parties qui ne sont pas ébréchées. Les peintures trouvées dans la Haute-Egypte attestent le talent des Égyptiens pour la composition des couleurs, et l'influence de la sécheresse du climat pour leur conservation.
Le Sphinx est actuellement très dégradé ; beaucoup plus qu'il ne l'était en 1788 , lorsque Norden l'a dessiné. J'ai fait découvrir son dos assez pour le mesurer. Mais il y aurait une fouille très considérable à faire pour le découvrir en totalité.
Si l'on monte sur la tête, on aperçoit un trou qui a quinze pouces de diamètre à l'endroit le plus ébréché, et environ neuf pieds de profondeur. Sa direction est oblique ; on voit que la profondeur a été diminuée par les pierres que l'on y a jetées.
Il serait difficile de déterminer l'usage de cette cavité, à moins que l'on ne soupçonnât quelque souterrain auquel ce canal aboutissait,et que les prêtres, cachés dans cet endroit, ne rendissent des oracles. Le Sphinx était infailliblement une idole et la divinité tutélaire de ce cimetière ; la disposition des sables environnants fait soupçonner que la plaine qui est au bas du rocher au Sud, et qui est plus élevée que la crue ordinaire du fleuve, était également parsemée de tombeaux.”
Source : Google livres

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Voilà ce qu’a écrit Volney dans Voyage en Égypte et en Syrie pendant les années 1783, 1784 et 1785:

“En considérant le visage de beaucoup d'individus de cette race (les Égyptiens), j'y ai trouvé un caractère particulier qui a fixé mon attention : tous ont un ton de peau jaunâtre et fumeux, qui n'est ni grec ni arabe ; tous ont le visage bouffi, l'œil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse ; en un mot, une vraie figure de mulâtre. J'étais tenté de l'attribuer au climat, lorsque, ayant été visiter le Sphinx, son aspect me donna le mot de l'énigme. En voyant cette tête caractérisée nègre dans tous ses traits, je me rappelai ce passage remarquable d'Hérodote, où il dit : Pour moi, j'estime que les Colches sont une colonie des Égyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus ; c'est-à-dire, queles anciens Égyptiens étaient de vrais nègres de l'espèce de tous les naturels d'Afrique ; et dès lors on explique comment leur sang, allié, depuis plusieurs siècles à celui des Romains et des Grecs, a dû perdre l'intensité de sa première couleur, en conservant cependant l'empreinte de son moule originel.”

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